Quelles solutions pour les aménagements paysagers ?
Il est urgent aujourd’hui de réfléchir à résoudre ce problème majeur qui
touche l’ensemble de nos agglomérations, en faisant appel à des
experts-conseils spécialisés en études d’impact paysagère sur les milieux
urbains afin de proposer de nouvelles mesures.
Celles-ci nous permettront de tracer les grandes lignes pour résoudre nos
problèmes urbains actuels avec un aspect paysager, dans un premier temps, avant
d’engager les grands travaux d’aménagement et de réhabilitation avec des
entreprises de réalisation, munies d’une équipe d’ingénieurs et de techniciens
compétents dans les techniques de réalisation des aménagements urbains, en
suivant à la lettre les études d’aménagement paysager déjà achevées par les ambulanciers
de l’urbanisme moderne, choisies selon les procédures légales de la législation
en vigueur et loin des abus de pouvoir ou du passe-droit que certains de nos
responsables ont hérité du temps du système socialiste. Car il n’y a plus de
sens commun de la part de nos aménageurs, qui s’imposeraient à l’ensemble des
acteurs sociaux afin de dissuader les citoyens inciviques de dégrader leur
cadre de vie et les espaces verts de leurs milieux urbains. C’est en étudiant
la relation de notre société à l’espace public en milieu urbain et les échecs
de nos expériences précédentes en matière d’aménagements urbains, qui ont
abouti à cette chimère et qui continuent à infester nos agglomérations, que
nous réussirons à mettre en place un premier pas vers une solution globale pour
améliorer le paysage de nos milieux urbains. Bien sûr, tout en fixant comme
objectif d’arriver à proposer une armature conceptuelle susceptible d’être
appliquée au sein de nos agglomérations pour atteindre le sens désiré de faire
de nos milieux urbains un cadre de vie amélioré avec des espaces verts
paysagers, à nos citoyens et aux millions de touristes étrangers - qui
viendront visiter notre pays dans quelques années , si l’objectif touristique
est atteint dans les délais. Parce que pour aménager nos milieux urbains, on
continue à faire appel à une interdisciplinarité de maître d’œuvre et
d’entreprises de réalisation, qui s’y développent avec des faiseurs
d’aménagements disparates, sans faire appel aux architectes paysagistes -
appelé en Occident les ambulanciers de l’urbanisme moderne -, que nous
continuerons à faire de nos agglomérations des lieux où les citadins jouent aux
dominos sur les places publiques. L’architecte paysagiste, qui offre un
savoir-faire professionnel en planification et design des aménagements urbains
et des espaces verts paysagers, de la préparation à la surveillance des travaux
de réalisation, pratique une profession de synthèse. Mais lorsque l’envergure
ou la complexité d’un projet nécessite la collaboration d’autres experts comme
l’architecte ou l’urbaniste, l’architecte paysagiste dirige et coordonne les
diverses disciplines liées au projet, tout en s’assurant que tous les rouages
fonctionnent en douceur pour la réussite du projet d’aménagement. C’est en
intégrant I’architecte paysagiste dans le processus d’amélioration du cadre de
vie des milieux urbains et la création des espaces verts paysagers, que nous
pouvons parler du paysage urbain de nos agglomérations. Le mot paysage continue
d’évoquer fortement la nature et symbolise l’intégration des espaces verts dans
le processus de planification urbaine, car le paysage ne peut guère se passer
de la nature, instituée en objet distinct par les projets en milieu urbain et,
par voie de conséquence, devenue de plus en plus hétérogène aux œuvres humaines
à tel point que la nature, les notions de milieu, d’environnement et de paysage
sont devenus la relation des sociétés à l’espace construit du milieu urbain. La
réussite du grand pari de la wilaya de Aïn Témouchent pour la construction de
la nouvelle ville Akid Othmane, avec un meilleur cadre de vie pour ses citoyens
et l’obtention de félicitations de la part de la Banque mondiale pour
l’existence d’un aspect environnemental et paysager au sein de ce projet de
3500 logements, n’est devenue une réalité en Algérie indépendante que grâce aux
efforts quotidiens des premiers responsables de la wilaya. Ceux-ci ont su
collaborer avec la compétence d’une équipe interdisciplinaire de techniciens et
d’ingénieurs algériens, majorée, pour la première fois, d’un architecte
paysagiste diplômé de Versailles, ayant apporté sa touche paysagère finale
inspirée du nouveau concept paysager et son savoir-faire des normes de
l’urbanisme végétal moderne, à cette nouvelle ville construite dans un délai record
pour un meilleur cadre de vie des citoyens. Malgré que depuis quelques années,
l’amélioration du cadre de vie de nos milieux urbains connaît un profond
processus d’aménagement, elle reste toujours à l’état embryonnaire, parce
qu’elle continue à buter sur les mauvaises mentalités de certains de nos
responsables, érigées depuis l’indépendance, qui travaillent dans le sens
contraire de l’évolution des techniques de l’aménagement urbain et des normes
de l’urbanisme végétal. En effet, l’aménagement des projets urbains n’est pas
accompagné de la vision paysagère des architectes paysagistes expérimentés et
avec un savoir-faire pour l’élaboration des paysages urbains avec un urbanisme
végétal conforme aux normes modernes et aux traditions architecturales de notre
pays, loin des pratiques de faiseurs d’aménagement d’espaces verts disparates,
qui n’ont, pour seule spécialité en aménagement des espaces verts paysagers,
que le code du registre.
Régression
Si notre pays est presque dans une régression irréversible dans le domaine
de l’urbanisme végétal et des aménagements paysagers en milieux urbains, ce
n’est que parce qu’aucune mesure gouvernementale n’a été prise sérieusement
pour le respect des normes de réalisation des aménagements urbains et des
espaces verts paysagers. Depuis l’indépendance, la plupart de nos responsables
des collectivités locales et des directions d’urbanisme considèrent les
aménagements des parcs et jardins dans les zones urbaines, ainsi que la
présence végétale vis-à-vis du bien-être et de la qualité du milieu urbain
comme secondaires par rapport aux fonctions plus sérieuses que représentent la
circulation, l’habitat et le commerce pour ne citer que les plus évidents.
Parce que les forêts constituent un cadre agréable de détente pour se mettre au
vert que les Algériens ne s’y trompent pas quand ils revendiquent avec force
leur attachement à toute forme de présence végétale dans leurs milieux urbains,
comme ils veulent que l’eau de leurs robinets, des routes appropriées et une
meilleure éducation pour leurs enfants. Pour les normes de l’urbanisme végétal,
les espaces végétaux, qui viennent pour agrémenter le cadre de vie du milieu
urbain, sont les jardins et les espaces verts qui sont maintenant à la
disposition de tous et offrent des moments de plaisir aux visiteurs, car ils
sont démocratisés et ne sont pIus réservés aux seuls privilégiés comme d’antan.
Pour que notre pays ne reste pas au dernier rang des pays en voie de
développement, en matière d’aménagement urbain et des espaces verts paysagers,
tout en satisfaisant la demande des citoyens, une batterie de textes
législatifs s’avère nécessaire de la part de notre gouvernement, afin de
permettre aux bonnes volontés, de nos spécialisés en amélioration du cadre de
vie en milieux urbains et des quelques architectes paysagistes, d’intervenir
sans gêne afin de protéger le paysage urbain de nos agglomérations et de
promouvoir les aménagements des espaces verts paysagers dans nos zones
urbaines, tout en mettant en place les moyens adéquats pour exiger la présence
de « l’architecte paysagiste » dans l’élaboration des études et
l’exécution des projets d’aménagement des paysagers urbains, avec la création
en Algérie, d’un statut de bureaux d’études spécialisés en aménagement paysager
loin d’un simple code de registre du commerce pour la création et la
réalisation des espaces verts, qui est à la portée de toute entreprise de
réalisation sans savoir-faire dans le domaine de l’architecture du paysage. Il
faut que cette nouvelle « loi paysagère » soit légiférée par notre
gouvernement sans un débat caduc à l’APN et qu’elle ne soit pas créée que dans
le but de remplir le Journal officiel parce que comme disait le cardinal
Richelieu : « Faire une loi et ne pas la faire exécuter, c’est
autoriser la chose qu’on veut défendre », surtout que trop de gaspillage
guette l’amélioration du cadre de vie dans les milieux urbains de nos
agglomérations dans les années à venir. Si la plupart des aménagements des
espaces verts récents de nos zones urbaines ont montré tout le mal que peuvent
faire des aménagements aveugles au cadre de vie de nos citoyens - étant conçus
de la sorte pour ne pas marcher-, il faut faire appel aux techniques de
conception des architectes paysagistes qui, en concevant un aménagement
paysager, le considèrent comme un élément de la nature dont ils ne lui
empruntent que ce qui peut leur servir pour le faire valoir dans le but
d’améliorer les paysage urbains. Les espaces verts paysagers sont une
composante primordiale de l’urbanisme végétal. Si le bilan des aménagements
paysagers de nos milieux urbains est connu par tous ceux qui y vivent
quotidiennement, ou sont informés par les quelques écrits de la presse
quotidienne, il est temps pour nous de dégager les voies rapides de
l’application des solutions adéquates afin d’acquérir les moyens possibles pour
intervenir efficacement dans les aménagements paysagers de nos milieux urbains,
tout en alliant les besoins urgents de nos zones urbaines au respect de
l’urbanisme végétal et des aspects paysagers de nos agglomérations, par la
promotion et l’exigence des normes esthétiques de l’architecture du paysage. Et
ce dans le but de préserver et d’optimiser l’amélioration du cadre de vie de
nos citoyens, d’assurer un avenir plus durable pour nos milieux urbains et
redorer la place de l’Algérie touristique, parmi le bal des nations car seule
l’intelligence réfléchie des architectes paysagistes saura manier un projet
d’amélioration urbaine avec des espaces verts, dans un contexte paysager
jusqu’à sa réussite totale et sa pérennité, tout en respectant l’évolution des
normes modernes de l’urbanisme végétal.
Par Meziane Abdellah
Source : http://www.elwatan.com